A l'étoile
Un moment en dehors
du temps, le temps de faire une pause sur une journée à cent à l’heure. Nos
vies s’éparpillent et se rassemblent au fur et à mesure des aléas toujours
pressant, toujours prenant, comme un élan qu’il nous faut assumer dans ce
train-train qui file sans compter le temps. Et pourtant dans tous ces moments
de folie tapageuse où l’on ne trouve plus le temps pour se poser pour laisser
filer les idées venues et soupirer l’espace d’un instant, il reste encore des
petits havres de paix au milieu de ce tumulte ambiant.
C’est un petit
bistrot à la devanture engageante, des couleurs rougeoyantes et une atmosphère
authentique. Ça flirte avec le coté titi parisien et pourtant j’y retrouve
cette ambiance de voyage, ce parfum de rencontre et de simplicité qui fait tout
le charme de l’inattendu et des surprises. Ce petit goût de sourire et de bonne
humeur me fait me délasser après ces journées de labeur. Après tout ce temps
qui file j’ai l’impression d’apprécier l’instant présent. De sentir comme une
onde de passage sur un ton engageant. Oui, j’aime ce lieu et ses gens. Ce côté
jeune et non chaland, toujours disponible toujours souriant, le patron
m’accueille avec des yeux sincères et sourire aux lèvres me raconte sa journée
et nous avons le plaisir de partager quelques anecdotes épicées.
Le plafond haut est
décoré de moulures d’époque, des petits carreaux dessinent des étoiles et des
cercles en bleu et blanc. Le sol un peu usé ne compte plus le nombre de
semelles qui l’ont caressé, les verres cliquettent au son des
« santé » ou encore « tchin- tchin ». Le ton est doux, la
musique des conversations me laisse vagabonder avec mes pensées sur un air de
bohème.
En arrivant la
première fois, je passais comme tous les jours devant sa devanture et en
lançant un regard à travers la vitre, et je me suis dit, et pourquoi pas… Je me
suis posé au comptoir, j’ai laissé mes yeux vagabonder sur le bar, les
bouteilles alignées, les verres en dessous, les pichets de bière et de vin, sa
carte écrite sur un tableau noir. Une écriture fine décrivait les mets et les
« à boire ». Il y avait peu de monde, et j’ai entamé la conversation
sur un air bon enfant avec la serveuse derrière le bar. Nous nous sommes
racontés des petits bouts de nos histoires et puis je m’en suis allé avec dans
le cœur une petite lueur d’amusement, de surprise et de bonheur qui fait tout
le partage. Depuis je passe, repasse et ne m’en lasse toujours pas. C’est
toujours le même endroit les même gens, l’atmosphère y est toujours plaisante et
depuis je fais des rencontres à tour de comptoir ou simplement l’espace d’un
regard. Sans arrière pensée, juste le plaisir simple de partager un moment.
J’ai trouvé mon espace, une place où l’on m’accueille en prononçant mon prénom.
Des serrages de main aux petites pauses clope à l’entrée, il règne en ce lieu
comme une âme de vigueur, le parfum qui fait sourire sans le savoir. Des
habitués ou des gens de passages, entre quotidien délavé ou air de voyage, tout
le monde laisse à l’entrée sa morosité et ses déboires pour entrer le cœur
libre rempli d’espoir.