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Au fil de la plume
25 octobre 2009

La demeure des siècles

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Comme quoi il existe en ce monde des lieux pour lequel le mot sanctuaire prend tout son sens.  C'était ce dimanche par un après midi doux et ensoleillé, je me baladais en voiture dans un coin de la brie, et fort d'une impression sans préavis, je me suis arrêté dans ce petit village... J'y ai découvert un bout de château égaré dans un village discret. Un village de la brie au milieu des champs et à flanc de forêt. Un havre où les voyageurs ne prennent pas le temps de s’arrêter car sans doute trop anonyme. Il y a à travers ce village comme un esprit de passage duquel il faut se soustraire pour prendre le temps d’apprécier, son calme, sa douceur et ses fleurs épanouies.

Dans ce bout de village où les maisons sont de pierre, avec des petits jardins coquets, se dessine la flèche d’une église. Une église dont la majesté tient dans sa simplicité, non pas austère, mais sage comme une dame âgée.

Il y a un passage avec un chemin de gravier couleur de sable qui longe le mur de la propriété. Au loin on distingue la cime de certains arbres qui ont dû traverser les siècles. Ils forment un ensemble harmonieux et coloré aux couleurs de l’automne. Il règne dans leur ombrage un esprit qui a su résister au temps, une sagesse règne en souveraine, là au milieu de leurs feuilles disséminées sur le sol, sous les rayons d’un soleil de fin de journée, une lumière divine et immaculée.

Il y a dans un coin un peu à l’écart un saul qui pleure, sa toison est aussi dense que de la laine, comme un buisson touffu et vert, on le dirait couvert d’algues. Il est maigre, tordu et lorsqu’on se penche sous sa coupe on y distingue des branches qui forment un entrelacement curieux. Mais dans son antre, y règnent les souvenirs d’antan, on imagine aisément une table de fer forgée pour accueillir les visiteurs avec une limonade fraîche, le peintre qui s’assoit pour contempler le jardin, ou encore les enfants taquins qui jouent à cache-cache ou chat perché entre les plis de ses bras noueux.

Et puis, face au parc, assise en face du coucher de soleil, la bâtisse rectangulaire se dessine d’un seul bloc, des fenêtres hautes longent la façade de manière symétrique, les volets sont clos dans un bois qui commence à souffrir du passage des saisons, Il y a trois marches qui mènent au palier, trois marches de pierre écornée où résonne encore le son des bottes d’équitation ou des ballerines des enfants. Elle demeure comme un navire sur une grève, gardienne des lieux, gardienne de ce temps passé qui se devine dans sa devanture quelque peu érodée, gardienne d’un temps où les chevaux étaient les compagnons des hommes, on a l’impression d’entendre encore le son des sabots ferrés, des roues des carrosses qui grincent ou encore le son du cocher qui hèle les passants.

Entre les interstices des volets branlants, on y devine les soirées passées à la bougie et au feu  de cheminée, d’un vieil homme assis dans un fauteuil, une pipe à la main en train de lire le journal. D’une dame de chambre servant un thé fumant ou encore d’un artiste dessinant sur une aquarelle un paysage d’un autre temps. On devine dans son parc disséminés comme des îlots, les nappes à carreaux, les paniers d’osier remplis de victuailles, de ces après midis d’été où l’on partage un bon vin sous un ciel d’or et de nuages qui se baladent dans l'azur tranquillement.

De ces images demeure l’impression persistante d’un lieu qui a perdu de son éclat sans en perdre sa profondeur, que ,de ces mystères enfouis, il n’attend qu’un regard pour reprendre vie. De cette impression, mes yeux se faisaient baladeurs, et je laissais les images affluer comme une source de vie. Ainsi sur tes écorces sans âge, j’ai laissé une caresse, les yeux à demi clos, comme un rêve à peine évanoui. Qu’à la douceur de ton herbe je me suis enfoui le nez et le visage, et qu’il règne en ta présence, un parfum d’un âge s’enfonçant peu à peu dans l’infini…

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