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Au fil de la plume
5 janvier 2009

Paris la blanche

Je rentre par le métro de la ligne 2 après une soirée cidre et galette des rois, les mains dans les poches et le nez collé à la vitre, j’ai l’impression de revivre la passion de la neige lorsqu’on est enfant. A côté, les gens frissonnent et se couvrent le nez, les mains recroquevillées dans leurs moufles molletonnées. Avec ses façades et ses congères sur les toits de zinc et de fer paris s’emmitoufle d’un manteau de neige, les lumières des néons vacillent et dansent au passage de la rame, j’ai le cœur aux aguets… 

Je sors à blanche, et la place est couverte de neige, un épisode rare pour un clin d’œil où les mots trouvent leur place avec le décor improvisé. Et quelle atmosphère ! L’air est limpide et doux au regard, les lumières du boulevard de Clichy se reflètent un peu sur le pavé froid. Il n’est pas encore minuit et il n’y a personne dans les rues, le bruit des voitures s’est tu, le manteau de neige et de gelée les laisse recluses sans pouvoir faire vrombir les moteurs. Tout n’est que calme et volupté, Paris la dame blanche est en tenue de nuit, Paris, toi qui te poudre le nez… et mes pas sur le pavé, qui craquottent et jouent avec les petits monticules de neige, envoient valser de la poudre blanche, et s’écrasent sur la chaussée.

Je me sens pris d'un excès de folie et ne me rend pas compte du froid, mes pas avancent sur la rue Lepic, au fur et à mesure, je vois les devantures constellées de lumières, de gens qui s’emmitouflent, de petits garçons qui regardent à la fenêtre les passants pressés. Pressés de rejoindre un feu douillet, une théière sur une plaque chauffante, ou encore la couette de noël qu’on n’a pas encore installée. Et mes pas trébuchent, jonglent avec un équilibre précaire. Je glisse et me reprend, danse dans tes rues, à toi paris, amante de mes pensées, tu me déséquilibres et me fais tournoyer.

La ballade ne serait parfaite sans la visite de la butte Montmartre et de son vieux quartier. Après quelques escaliers en pierre gelée et des rambardes qui sentent le fer frigorifié, mon regard se pose sur la place du sacré cœur. Les lumières de l’édifice se marient magnifiquement avec la pelouse gelée, on y voit des traces d’enfants qui s’y sont amusés avec des luges ou encore des mots écrits avec le bout des pieds. Et toujours ce silence, cette paix, Paris silencieuse, tu résonnes avec mes pensées, pensées de lumière et de couleur blanche et nacrée, couleur vivante dans une ville éprise de liberté. Car libre comme l’air je parcours tes rues et tes passages… Complice d’un vent qui pique et remue le cœur, un vent qui se sent chez lui en caressant de sa main froide mes lèvres gercées.

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